Histoire des armoiries de Roques

I – DESCRIPTION DU BLASON :

Coupé au premier de gueules, à deux otelles d’argent rangées en chevron couché (du Comminges) mi-partie d’une croix de Toulouse issant de la partition tenues, par deux bustes de deux lions affrontés d’or ; au 2ème d’azur à un obélisque sommé d’une sphère et haussé de 3 marches le tout d’argent, et accosté de deux hérons en leur silence (2) affrontés aussi d’argent. La partition chargée d’une fasce ondée d’argent rechargée d’un roc d’échiquier cousu d’or.

II – DESCRIPTION DES ARMOIRIES :

Le blason est soutenu de 2 grandes branches de roseaux et comporte en pointe un cep de vigne. Les branches de roseaux sont entourées d’un listel comportant en pointe le nom de la commune ainsi armorié : « Roques sur Garonne ». Tous les végétaux qui entourent le blason sont au naturel (3).

III – EXPLICATIONS SYMBOLIQUES DE LA COMPOSITION HÉRALDIQUE DU BLASON

1/ L’ensemble du blason – son aspect général – avant de nous attarder sur les détails – illustre la description de Roques sur Garonne telle qu’elle est présentée dans la brochure réalisée par le conseil municipal « Vivre ensemble à Roques » (un titre qui a valeur de devise !)

En effet on peut découvrir dans le blason, des deux côtés de la Garonne que l’onde d’argent placée au centre (la Garonne a toujours occupé à Roques, qui fût peut-être un port, une place précisément centrale) :

• L’activité intense de la commune évoquée par la couleur gueules, ou rouge, et la force et l’énergie des deux lions qui semblent faire tourner » le mi-partie, ; de Comminges et de Toulouse » telle une roue de moulin.

• La croix de Toulouse nous indique la proximité de la « métropole de Midi-Pyrénées, le Languedoc. Les otelles, la proximité du Comminges, (Muret la cité voisine, porte dans ses armes les otelles, du Comminges !)

• Roques sur Garonne n’est-elle pas située à la frontière des deux provinces ?

• De l’autre côté : l’azur couleur plus sereine, plus douce en harmonie avec la teinte argent du fleuve. Malgré les importantes activités économiques et plus particulièrement commerciales ; Roques le vrai village dans un cadre paisible et naturel a su se protéger des nuisances, et s’affirmer face à la métropole toulousaine : dans cette partie du blason le bleu couleur de Roques domine largement.

2/ Avec plus de précisions, nous pouvons observer :

• Au cœur du blason, le roc d’échiquier, évoque à la fois : le nom de Roques (armes dites parlantes), le roc qui a protégé Roques sur Garonne lors des grandes inondations de 1875 et le blason d’un des premiers seigneurs de ce territoire : Jean de Roquettes, seigneur de Roques (1626) et qui était orné d’un roc d’échiquier (armes également doublement parlantes = Roquettes et Roques).

L’onde de la Garonne partage le blason en deux, mettant bien en évidence les deux aspects de la commune de Roques qui s’étire le long du fleuve parfois torrentiel sans jamais se laisser dominer par lui.

• Dans la partie supérieure du blason (au 1), le symbole du Comminges (Roques dès le XIIème siècle dépendait de la Châtellenie de Muret et plus largement du Comté du Comminges) jouxte celui du Comté de Toulouse = la commune de Roques est située à la frontière de ces 2 Comtés.

Les 2 lions qui actionnent « le mi-partie de Comminges et de Toulouse en forme de roue, allusion au grand moulin de Roques » décrits en héraldique « affrontés » ; n’expriment-ils pas en effet de nombreuses confrontations, batailles qui se sont déroulées sur la « zone frontalière » de Roques, on pense plus particulièrement à la bataille de Muret. Les lions de Gascogne et de Guyenne disputent les terres du Comminges et du Languedoc (4).

Le lion est aussi la figure héraldique du blason de la famille MIOIAEUS qui a longtemps occupé la seigneurie de Roques dont Bertrand de MIOIAEUS, seigneur de Roques et capitoul en 1660 (5).

• Dans la partie inférieure du blason (au 2) est représentée l’obélisque de pierre que l’on peut admirer, sur le chemin du castelet, précisément à la limite de la commune de Roques, il marque la frontière entre « Guienne et Languedoc » : inscription que l’on peut découvrir au pied du monument.

De part et d’autre de l’obélisque, deux hérons témoignent de la richesse ornithologique du vaste et agréable espace vert, ramier aménagé qui offre aux habitants et aux visiteurs un havre de paix et d’émerveillement.

On notera le petit gravier, tenu par le long bec des hérons, allusion subtile, discrète mais directe : aux belles gravières qui agrémentent les rives de la Garonne et au calme ambiant.

Ne dit-on pas en héraldique lorsque le héron bec entrouvert tient une perle, une graine, un gravier : « le héron en son silence » (un espace naturel qui a su accueillir sans le défigurer d’importants aménagements sportifs).

Le rouge et le bleu, ainsi partagé par ce long fleuve qui n’est pas toujours tranquille exprimant à la fois l’éternité et le manteau de St-Martin, saint patron de la paroisse de Roques, dotée d’une belle église qui dresse fièrement son magnifique clocher-mur de brique.

IV – EXPLICATION DES SYMBOLES QUI COMPOSENT LES ARMOIRIES :

Les roseaux qui entourent le blason, on dit en héraldique qu’ils soutiennent le blason (tandis que des personnages sont des tenants) valorisent ce précieux patrimoine naturel des bords de Garonne de la commune de Roques.

Le cep de vigne qui étale ses pampres, ses grappes rappelle que le terroir de Roques était planté de vignes qui alimentaient la « buvette » de la plupart des propriétaires de ce terroir qui portait également du blé et autres céréales, la roue de moulin mis à l’honneur, à l’intérieur de l’écu en chef du blason en est le témoin authentique. S’il n’y a pratiquement plus de céréales, d’activité meunière à Roques, il y a encore cependant bien d’autres grains à moudre.

Il y a tant d’autres entreprises installées sur son territoire !

Roques sur Garonne a bien mérité son blason : elle a su si admirablement harmoniser le rouge vif aux deux lions, ardents autour d’une « roue industrieuse » avec le bleu apaisant aux non moins paisibles hérons argentés, les activités économiques intensives, la modernité avec son passé bien enraciné et sa qualité de vie.

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Notes :

(1) Otelles : Symbole héraldique en forme d’amande, en réalité, il s’agit de l’évidé (ou ajouré), espace extérieur de la croix pattée du Comminges, de gueules sur champ d’argent (d’où la couleur des otelles)

(2) Voir l’explication au niveau de la description des symboles héraldiques. Le héron tenant une petite boule, graine dans son bec ne peut ainsi faire de bruit !

(3) Au naturel : au couleur de la nature – à l’extérieur du blason : armoiries, les règles concernant la combinaison des couleurs héraldiques – peuvent ne pas être appliquées ; on peut donc employer pour les objets, végétaux, personnages, animaux, les couleurs de la nature.

(4) On remarquera que les couleurs en chef du blason (partie supérieure) sont de gueules et d’argent pour le Comminges et de gueules aux lions d’or ou à la croix de Toulouse, d’or pour la Gascogne, la Guyenne, le Languedoc, ces deux couleurs sont bien celles de ces provinces.

(5) Le blason des MIOIAEUS, de Bertrand de MIOIAEUS se décrit ainsi : « parti au 1er d’azur au lion rampant d’or au 2ème de gueules au dragon ailé d’or ».

RÉFÉRENCES :

• Doc. Archives de la commune de Roques sur Garonne.
• « Les Communes de la Haute-Garonne », par Léon Dutil.
• « Armorial du Languedoc », par Louis de la Roque.
• « Armorial et Nobiliaire Toulousain », par Alphonse Brémond.
• « Histoire du Languedoc ».